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«C’est un coup porté à la réputation du vote électronique»

Ariane Rustichelli
Ariane Rustichelli, la directrice de l'Organisation des Suisses de l'étranger regrette l'abandon du e-voting genevois. Butterfly-Photoart

Après la disparition du e-voting genevois, l’Organisation des Suisses de l’étranger craint que la confiance des citoyens envers le vote électronique ne se trouve ébranlée. Elle entamera des discussions pour tenter de sauver le système du canton de Genève.

«Cette annonce arrive au mauvais moment», déplore la directrice de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Ariane Rustichelli regrette vivement à la décision du gouvernement genevois, qui a annoncé mercredi l’abandon de son système de vote électronique. Elle craint notamment que la population ne fasse l’amalgame entre la fin de l’exploitation du CH Vote genevois pour des raisons financières et le niveau de sécurité attendu par la Chancellerie fédérale. «Ce n’est pas un coup porté au vote électronique en lui-même mais à sa réputation», déplore-t-elle. 

Une pétitionLien externe en faveur de l’e-voting a été lancée l’été dernier par l’OSE. Le texte demande que tous les Suisses de l’étranger puissent voter en ligne d’ici 2021. La pétition compte actuellement plus de 13’000 signatures. Elle sera remise ce vendredi à la Chancellerie fédérale.

Pour rappel, en novembre dernier, le canton de Genève avait été pointé du doigt en raison de failles de sécurité de son système.

Ariane Rustichelli rappelle toutefois que de plus en plus de cantons se tournent vers le e-voting: les Grisons, le Tessin et le Jura se sont récemment prononcés en sa faveur. «Lors des élections fédérales de 2019, 10 cantons proposeront le vote en ligne. Le dossier avance dans la bonne direction», note-t-elle.

Dans un communiqué, l’OSE souligne encore que «la sécurité n’a jamais été remise en question» et que la décision du canton de Genève est «uniquement financière». Elle s’étonne aussi «qu’il n’ait pas été possible de trouver une solution avec la Chancellerie fédérale et les cantons.»

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«Deux systèmes sont préférables»

Le sénateur et vice-président de l’OSE Filippo Lombardi regrette aussi l’abandon du e-voting genevois: «Désormais, nous n’avons plus qu’un seul système de vote en ligne, celui développé par La Poste. C’est dommage car il est toujours préférable d’en avoir deux afin de créer une concurrence et de faire baisser les prix, mais aussi pour avoir une solution de réserve, notamment en cas de défaillance.» Il souligne toutefois que le vote électronique de La Poste est fiable, tout comme celui de Genève.

Le sénateur du Parti démocrate-chrétien estime que Genève n’a peut-être pas été soutenue suffisamment financièrement par la Confédération et les autres cantons. «Ce type de système doit être adapté fréquemment et cela coûte cher», souligne-t-il. Filippo Lombardi n’a toutefois pas encore abandonné tout espoir: «Nous allons prendre des contacts pour déterminer si une solution peut être trouvée pour sauver la plateforme genevoise.»

De son côté, le canton de Genève a précisé que sa plateforme devait être développée et actualisée pour répondre aux exigences de la Confédération et permettre une vérification à la fois individuelle (de chaque votant) et universelle (contrôle par une commission électorale) des scrutins. Le canton a réalisé que ces travaux prendraient plus de temps que prévu et induiraient des coûts plus élevés (+2,6 millions de francs, à ajouter aux 4,7 millions déjà engagés depuis 2014), il a donc décidé d’y renoncer. Ainsi, le système genevois sera abandonné au plus tard en février 2020.

Lors de sa conférence de presse, le gouvernement genevois a précisé avoir approché à plusieurs reprises les autres cantons et la Confédération pour qu’ils participent financièrement au développement de son système de e-voting. «Nous nous sommes toujours retrouvés tout seuls», a regretté le Conseil d’État.

Les cantons se tournent vers La Poste

Genève a été l’un des pionniers du vote électronique en Suisse en lançant sa plateforme en 2003. Plusieurs cantons utilisent son système: Vaud, Berne, Saint-Gall, Lucerne, Argovie et Bâle-Ville. Dans un communiqué, le canton de Berne dit «regretter» la décision genevoise et souligne que «durant toutes ces années, les votations se sont toujours déroulées parfaitement». La Chancellerie bernoise remercie le canton de Genève «pour son rôle de pionnier et pour les travaux précieux qu’il a accomplis dans le domaine du vote électronique.»

Les cantons concernés ont tous déclaré vouloir continuer de fournir aux Suisses de l’étranger la possibilité de voter par voie électronique. La seule alternative disponible actuellement est le système de La Poste, en vigueur dans trois cantons (Fribourg, Neuchâtel et Thurgovie). Bâle-Ville avait déjà prévu de passer à cette plateforme en 2019, Berne et Saint-Gall ont l’intention de négocier rapidement avec le Géant jaune pour appliquer son système, alors que Lucerne et Argovie indiquent qu’ils étudieront les différents moyens à disposition pour maintenir le e-voting.

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