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Enfants migrants: sous pression, Donald Trump fait volte-face

Depuis l'annonce de la politique américaine de "tolérance zéro" début mai, 2342 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles (du 5 mai au 9 juin), fuyant pour la plupart la violence qui ronge l'Amérique centrale. KEYSTONE/AP Camden Courier-Post/JOE LAMBERTI sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi la signature prochaine d’un décret pour éviter la séparation des familles de migrants ayant franchi illégalement la frontière avec le Mexique. Cette politique avait provoqué une vague d’indignation mondiale.

Depuis l’annonce début mai d’une “tolérance zéro” du gouvernement sur l’immigration illégale, plus de 2300 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, après leur arrestation à la frontière, fuyant, pour la plupart, la violence qui ronge l’Amérique centrale.

“Nous voulons garder les familles ensemble”, a expliqué M. Trump depuis la Maison Blanche. “Je signerai quelque chose bientôt”, a-t-il poursuivi, expliquant espérer que cela serait suivi par une loi.

Auparavant, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait annoncé qu’il soumettrait au vote jeudi un projet de loi afin de résoudre la question du statut de ces jeunes sans-papiers.

“Avec notre loi, quand les gens seront poursuivis pour avoir franchi illégalement la frontière, les familles resteront ensemble pendant toute la procédure légale, sous l’autorité de la Sécurité intérieure”, a déclaré le “speaker” de la Chambre basse du Congrès où les républicains sont majoritaires. Le texte devra ensuite passer au Sénat, où les républicains disposent d’une faible marge (51-49), avant d’être validé par le président.

“Inacceptable”

Les images de ces milliers d’enfants en pleurs arrêtés puis placés dans des centres, divisés en cages de fer ou dans des camps faits de tentes, ont fait scandale. De nombreux responsables américains comme étrangers ont appelé le gouvernement à abandonner ces pratiques.

La Première ministre britannique Theresa May a jugé “profondément choquantes” ces images “d’enfants détenus dans ce qui semble être des cages”. “Ce qui se passe aux Etats-Unis est inacceptable”, a affirmé à son arrivée au Parlement canadien le Premier ministre Justin Trudeau.

“La façon dont nous traitons les plus vulnérables définit qui nous sommes en tant que personnes, pays et communauté internationale”, a-t-il indiqué dans un communiqué séparé, à l’occasion de la Journée internationale des réfugiés.

“La dignité de la personne ne dépend pas de son statut de citoyen, de migrant ou de réfugié. Sauver la vie de qui s’échappe de la guerre et de la misère est un acte d’humanité”, a également assuré le pape François sur Twitter.

Le flot continue

Alors que Washington a annoncé un durcissement de la procédure des demandes d’asile, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a pourtant assuré sur Twitter que les Etats-Unis “continueront à aider les réfugiés les plus vulnérables, conformément aux valeurs profondes du peuple américain”.

Thorbjorn Jagland, le secrétaire général du Conseil de l’Europe a pour sa part estimé que M. Trump n’était plus le “leader moral” de la planète et ne pouvait plus “parler au nom du monde libre”. Ce langage tranche avec la réserve habituelle de cette instance chargée de défendre la démocratie et le droit sur le Vieux Continent.

La ligne très dure de Donald Trump sur l’immigration – légale ou illégale – ne semble pourtant pas ralentir le flot des arrivées. Les Etats-Unis sont redevenus l’an dernier le premier pays de demandes d’asile dans l’OCDE avec 330’000 requêtes, devant l’Allemagne, a indiqué mercredi l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

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