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Protestation contre le concert de Bertrand Cantat à Lausanne

"Assassin adulé, violence banalisée" ont scandé les manifestants jeudi soir devant les Docks à Lausanne. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Une petite cinquantaine de personnes ont manifesté jeudi à Lausanne avant le concert de Bertrand Cantat aux Docks. Elles ont dénoncé la banalisation de la violence faite aux femmes. D’autres voix se sont élevées pour défendre le droit du chanteur à exercer son métier.

En 2004, Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison pour le meurtre de Marie Trintignant, sa compagne. Depuis quelques mois, dans la foulée du mouvement #metoo, ses concerts font polémique, à tel point qu’il a renoncé à se produire dans les festivals d’été.

Sa tournée a été maintenue, y compris ses deux concerts aux Docks, jeudi et vendredi. Une présence “indécente”, selon l’association Feminista, qui a appelé à manifester devant la salle.

Assassin adulé

“Assassin adulé, violence banalisée”, ont scandé les manifestants devant les fans qui faisaient la queue en attendant d’entrer dans la salle. “La honte doit changer de camp”, ont-ils ajouté.

“Nous sommes là pour dénoncer le fait que Bertrand Cantat va être adulé sur scène. La scène, cela renforce le pouvoir de quelqu’un”, a expliqué Vanessa Monney, membre de Feminista. Aujourd’hui, plus que jamais, il est fondamental de lancer un message fort contre les violences machistes, estime le mouvement.

Faire son métier

“Ca rime à quoi ? il a payé déjà. Certes, c’est impardonnable ce qu’il a fait, mais laissez-le faire son métier”, a répliqué un spectateur. “Dans aucune de ses chansons, il ne fait l’apologie de la violence sur les femmes”. Malgré quelques vifs échanges sporadiques, le face-à-face n’a pas dégénéré.

De leur côté, les Docks rappellent qu’ils ont déjà accueilli Bertrand Cantat en mai 2014, avec son groupe Detroit, et que leur position n’a pas changé. “Nous considérons un groupe, un artiste. L’homme, quant à lui, a été jugé pour son crime, nous laissons de côté – sans les effacer – ses actes et écoutons sa musique”, indique un communiqué.

Libre de venir ou non

L’objectif est de donner au public la possibilité de découvrir le projet artistique du chanteur. “Chacun est libre de venir ou non au concert, comme chacun est libre de s’exprimer”, ajoute la direction de la salle de spectacles, qui peut accueillir un millier de personnes. Les deux concerts affichent complet.

Via les réseaux sociaux, l’ex-leader de Noir Désir a fait valoir son “droit à la réinsertion”, son “droit d’exercer son métier”. “J’ai payé la dette à laquelle la justice m’a condamné. J’ai purgé ma peine. Je n’ai pas bénéficié de privilèges”, écrivait-il en mars.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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