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Attaque meurtrière contre des catholiques au Nigeria

Le gouvernement du président nigérian Muhammadu Buhari a déployé l'armée dans plusieurs Etats, dont celui de Benue, pour tenter d'endiguer les violences intercommunautaires (archives). KEYSTONE/EPA/PATRICK SEEGER sda-ats

(Keystone-ATS) Deux prêtres catholiques et au moins 16 fidèles ont été tués dans le centre du Nigeria, où les affrontements intercommunautaires se multiplient ces derniers mois, a-t-on appris auprès de la police mardi. L’attaque qui a visé une église est attribuée à des éleveurs.

Une trentaine d’hommes armés ont surgi tôt mardi mardi dans la chapelle du village de Mbalom alors qu’une messe de funérailles était célébrée, a déclaré le patron de la police de l’Etat de Benue, Fatai Owoseni à la presse. Ces “bandits suspectés d’être des éleveurs ont tué deux révérends pères”.

“Nous avons récupéré 16 corps (de fidèles) et ceux des deux prêtres sur les lieux de l’attaque”, a ajouté M. Owoseni. La police “fouille toute la zone” pour retrouver les coupables et les traduire en justice, a-t-il encore souligné.

Le diocèse de Makurdi, capitale de l’Etat de Benue, a confirmé l’attaque et la mort des prêtres Joseph Gor et Felix Tyolaha dans un communiqué condamnant les violences.

Selon Terhemen Angor, un habitant de Mbalom, l’office venait de démarrer vers 5h30 locales (6h30 en Suisse) à l’église St Ignatius “quand des tirs rapprochés ont commencé à résonner”. “Les gens ont commencé à courir et à crier”, a-t-il raconté à l’AFP, affirmant qu’une vingtaine de personnes avaient été “abattues de sang-froid”, et de nombreuses autres blessées.

Les assaillants ont ensuite attaqué le village, “pillant plus de 60 maisons, des terres agricoles et des greniers alimentaires”, a-t-il raconté. La population terrorisée a fui vers des localités voisines, ajoute-t-il.

Tournure identitaire

Les Etats du centre du Nigeria sont régulièrement touchés par des affrontements meurtriers pour l’accès à la terre et à l’eau entre agriculteurs sédentaires de confession chrétienne et éleveurs nomades, majoritairement peuls et musulmans, accusés de saccager les fermes agricoles avec leurs troupeaux.

Ce conflit séculaire pour les ressources, aggravé par l’explosion démographique dans le pays le plus peuplé d’Afrique (180 millions d’habitants) prend depuis plusieurs mois une tournure identitaire et religieuse. Le gouvernement du président Muhammadu Buhari a déployé l’armée dans plusieurs Etats, dont celui de Benue, pour tenter d’endiguer les violences intercommunautaires.

Selon l’agence locale de secours (SEMA), ce conflit a fait plus de 175’000 déplacés dans l’Etat de Benue depuis le début de l’année, dont 80’000 enfants, qui vivent pour la plupart dans des camps. Selon un rapport de septembre 2017 de l’International Crisis Group, plus de 2500 personnes ont ainsi été tuées au Nigeria en 2016.

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