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Des centaines de Casques blancs évacués via Israël vers la Jordanie

Bénévoles, les Casques blancs sont sortis de l'anonymat grâce à des vidéos poignantes les montrant, casques sur la tête, se ruer sur les lieux bombardés pour extraire des survivants ensevelis sous les décombres des immeubles détruits par les bombardements (archives). KEYSTONE/AP Syrian Civil Defense White Helmets/UNCREDITED sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 400 Casques blancs, secouristes volontaires dans les zones rebelles en Syrie, et membres de leur famille ont été évacués dans la nuit par Israël vers la Jordanie. Ils semblaient pris au piège face à l’offensive du régime dans le sud syrien.

Les personnes évacuées, au nombre de 422 selon un nouveau chiffre fourni par les autorités jordaniennes, doivent être accueillis par la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Canada, qui sont à l’initiative de cette opération exécutée dans le plus grand secret.

Les Casques blancs sont devenus célèbres pour leurs opérations de secours en Syrie, où le conflit a fait plus de 350’000 morts et des dégâts considérables depuis 2011. Leur travail, très médiatisé, leur avait valu d’être considérés pour le prix Nobel de la paix en 2016.

L’opération d’évacuation intervient alors que le régime de Bachar al-Assad est sur le point, avec l’aide de Moscou, de reprendre aux rebelles les derniers secteurs qu’ils contrôlent dans le sud de la Syrie.

Les forces progouvernementales contrôlent en effet désormais l’immense majorité des provinces de Deraa et de Qouneitra, qui borde la partie du plateau du Golan occupée par Israël, à la faveur de l’offensive militaire qu’elles ont lancée le 19 juin et d’accords de capitulation négociés par Moscou.

Hébergement provisoire

Après que diverses sources ont annoncé dimanche matin qu’environ 800 Syriens, des membres des Casques blancs et leur famille, avaient été évacués de Syrie via Israël vers la Jordanie, le ministère jordanien des Affaires étrangères a précisé en soirée que seules 422 personnes étaient arrivées dans le royaume.

Ils doivent être hébergés en Jordanie pour trois mois maximum avant d’être transférés vers la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Canada, qui se sont manifestés pour les accueillir, selon les autorités à Amman.

Le chef de la diplomatie jordanienne Ayman al-Safadi a par ailleurs informé son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est allié de Damas, “des détails de l’opération” d’évacuation.

“Purement humanitaires”

Le chef des Casques blancs Raëd Saleh a affirmé à l’AFP qu'”un certain nombre de bénévoles avaient été évacués avec leurs familles pour des raisons purement humanitaires”, car ils étaient en danger dans les provinces de Qouneitra et Deraa, en raison de “menaces répétées contre eux par la Russie et le régime”.

Moscou et Damas accusent les secouristes d’être liés à des groupes jihadistes et de véhiculer des “mensonges” sur leurs opérations militaires. Il est pour l’heure impossible de savoir combien de secouristes se trouvent toujours dans le sud syrien.

Selon l’armée israélienne, l’opération s’est déroulée dans la nuit de samedi à dimanche et les proches des Casques blancs évacués sont surtout des enfants. “Ces personnes ont sauvé des vies et la leur était maintenant en danger, c’est pourquoi j’ai accepté de les emmener via Israël vers un pays tiers”, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Les médias d’Etat syriens n’ont pas soufflé mot sur l’évacuation de Casques blancs mais ont affirmé dimanche soir qu’un raid aérien israélien avait visé dimanche une “position militaire” du régime dans l’ouest du pays, faisant “uniquement des dégâts matériels”.

Neutralité

A Londres, le chef de la diplomatie Jeremy Hunt et la ministre du Développement international Penny Mordaunt ont indiqué dans un communiqué avoir “estimé (…) que les (Casques blancs) avaient besoin d’une protection immédiate”, rappelant qu’ils avaient été “la cible d’attaques” par le passé.

Bénévoles, les Casques blancs sont sortis de l’anonymat grâce à des vidéos poignantes relayées sur les réseaux sociaux, les montrant, casques sur la tête, se ruer sur les lieux bombardés pour extraire des survivants, surtout des enfants, ensevelis sous les décombres des immeubles détruits par les bombardements du régime ou de son allié russe. Ces secouristes insistent sur leur neutralité et leur non affiliation avec un groupe politique ou armé.

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