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EPFZ: l’album “Mezzanine” de Massive Attack sur ADN artificiel

Les billes de verre ne dépassent pas 160 nanomètres de diamètre. L'information audio est stockée dans les molécules d'ADN de synthèse qui se trouvent dans la fine couche claire montrée par la flèche. EPFZ/Robert Grass sda-ats

(Keystone-ATS) Le Montreux Jazz l’avait fait l’an dernier pour “Tutu” de Miles Davis et “Smoke on the water” de Deep Purple. C’est maintenant Massive Attack qui annonce le stockage de son album “Mezzanine” sur de l’ADN artificiel, avec une méthode développée à l’EPFZ. Une première.

Cet encodage est effectué pour les vingt ans de la sortie de l’album qui a valu une renommée internationale au groupe de trip hop britannique, le 27 avril 1998. Un archivage dont l’espérance de vie se compte en siècles, voire en millénaires, contre quelques décennies sur un CD, a indiqué l’Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) dans un communiqué.

L’équipe de Robert Grass et Reinhard Heckel a dans un premier temps modifié la bande-son numérique binaire – une suite de “uns” et de “zéros” – pour l’adapter au code ADN constitué des quatre bases A, C, G et T. Afin d’obtenir une quantité de données gérable, le procédé de compression “Opus” a été utilisé pour arriver à un volume de 15 mégabytes, avec une qualité finale supérieure au MP3, précise l’EPFZ.

Une entreprise américaine est actuellement en train de fabriquer 920’000 courtes molécules d’ADN sur lesquelles sera stocké “Mezzanine”. Celles-ci seront ensuite encapsulées dans 5000 billes de verre de 160 nanomètres (milliardième de mètre) par Turbobeads, une spin-off de l’EPFZ.

Invisibles à l’oeil nu

Les nanobilles sont invisibles à l’oeil nu. Elles peuvent être conservées dans un liquide, dans un minuscule flacon par exemple, pratiquement pour l’éternité. Le projet devrait être bouclé d’ici un à deux mois, selon l’EPFZ.

Si la méthode de stockage est encore complexe et onéreuse, la technique permettant la lecture et la copie de ces données l’est en revanche beaucoup moins: elle peut être faite en tout temps sur un ordinateur. Il y a trois ans, les chercheurs zurichois avaient testé leur procédé en stockant sur ADN le texte du Pacte fédéral de 1291 qui a fondé la Suisse.

“Mezzanine” est le premier album musical ainsi conservé. En termes de volume, seul Microsoft a pour l’instant fait mieux en stockant une collection de plusieurs bases de données dépassant 200 mégabytes.

Volume insignifiant

En septembre dernier, le Montreux Jazz Festival avait annoncé avoir fait numériser sur de l’ADN deux morceaux légendaires et emblématiques de la manifestation: “Tutu” de Miles Davis et “Smoke on the water” de Deep Purple. L’opération avait été menée en collaboration avec l’EPFL et des scientifiques américains.

La possibilité de produire des brins d’ADN artificiels met aujourd’hui à la portée de l’homme ce que la nature a développé depuis l’apparition de la vie, il y a plusieurs milliards d’années.

Les molécules synthétiques soigneusement encapsulées peuvent être conservées durant des millénaires pour un volume insignifiant: la totalité des 50 ans d’archives du Montreux Jazz tiendraient dans l’équivalent d’un grain de sable, avaient souligné ses responsable.

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