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Vaud: 200 personnes pour soutenir les mineurs non accompagnés

Les mineurs non accompagnés sont aujourd'hui accueillis dans quatre foyers sous la responsabilité de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM). L'un d'eux va fermer, provoquant la colère du personnel éducatif et le rassemblement à Lausanne (photo symbolique). KEYSTONE/LEO DUPERREX sda-ats

(Keystone-ATS) Environ 200 personnes se sont rassemblées mardi à Lausanne en soutien aux mineurs non accompagnés (MNA) placés en foyer dans le canton de Vaud. Elles réclament que l’Etat leur accorde les mêmes conditions d’encadrement que celles d’autres jeunes en foyer.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: “Donnez-leur leurs droits”, Enfants avant d’être requérants” ou “Leuba blesse: stop accueil à deux vitesses”, les manifestants ont défilé dans le centre-ville, a constaté l’ats. Dans l’après-midi déjà, nombre d’éducateurs pour MNA ont débrayé afin d’exprimer leur mécontentement.

“Nous voulons des foyers à taille humaine, un encadrement de qualité et que la situation de ces jeunes, âgés de 12 à 18 ans, soit considérée comme celle des autres enfants accueillis dans les foyers du canton”, a résumé Letizia Pizzolato, secrétaire syndicale au SSP Vaud. Et de regretter qu’actuellement, il y ait “deux poids, deux mesures”.

Dans les quatre centres existants destinés à ces MNA, placés sous la responsabilité de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), il n’y a par exemple pas d’éducateur la nuit à l’inverse des autres institutions. Le taux d’encadrement y est aussi plus faible, déplorent les éducateurs.

Passer le dossier

Les manifestants réclament que le dossier passe désormais des mains du PLR Philippe Leuba en charge de l’économie, à celles de la socialiste Cesla Amarelle, responsable du Département de la jeunesse et de la formation et donc du Service de protection de la jeunesse. “Ce sont avant tout des enfants qui vont probablement rester en Suisse”, justifie la secrétaire syndicale.

Au bas des bureaux de Cesla Amarelle, qui s’est présentée devant le cortège, plusieurs éducatrices ont pris la parole. L’occasion de dénoncer “des sous-effectifs permanents”, “des conditions de travail inacceptables et moins attractives qu’ailleurs”, “un important turnover” et de rappeler les traumatismes dont souffrent plusieurs de ces jeunes.

Plus loin, sous le bureau de Philippe Leuba, les sifflets ont résonné. Et les voix se sont succédé pour attaquer une politique “basée sur des motivations économiques”.

Un centre fermé

De l’avis des grévistes, la “goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, c’est la décision de fermer le centre MNA de Chasseron à Lausanne. Et le transfert des adolescents qui y résidaient vers d’autres foyers.

“Ce centre est certes vétuste”, reconnaît Letizia Pizzolato. Il était ainsi prévu de longue date de le fermer et que les jeunes soient logés sur un nouveau site. Mais la diminution du nombre de MNA a poussé le canton à renoncer à un nouveau centre et à rediriger les jeunes vers des sites existants.

Une décision que la secrétaire syndicale regrette “car ces jeunes ont besoin d’établissements à dimension humaine”. Sans parler de la suppression de onze postes, dont deux licenciements, en lien avec la fermeture du foyer. “Cela va encore plus peser sur les conditions d’encadrement et de travail”, a martelé le député Jean-Michel Dolivo de SolidaritéS, quelques heures après avoir déposé une résolution au Grand Conseil.

Au plénum

Au plénum, le sujet a déjà été plusieurs fois abordé. Notamment après plusieurs tentatives de suicide dans un des centres MNA en 2016.

Au micro, le conseiller d’Etat Philippe Leuba a pour sa part déclaré que sur le budget 2017, huit emplois équivalent plein temps ont été accordés pour faire face à la situation. Mais de préciser que le nombre de ces enfants est passé de 270 (ndlr: dont 207 en foyers) à 125.

“On ne peut avoir une diminution de plus de 50% sans qu’il y ait de conséquences sur l’encadrement et le nombre de places dévolues à cette politique-là. On ne peut pas faire comme si de rien n’était quand on gère les deniers publics”.

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